La modernité de Karl Polanyi
sous la dir. de Jean-Michel Servet, Jérôme Maucourant et André Tiran,
Karl Polanyi, on le sait (voir Alternatives Economiques No 159, mai 1998), ne se montre pas critique à l'égard du marché, mais à l'égard du fait que, depuis un siècle, le marché tend à envahir toute la vie sociale et à chasser deux autres formes de relations sociales, la redistribution et la réciprocité, pourtant nécessaires à toute société digne de ce nom. Au fil des contributions, on découvre donc un socialiste démocrate, voyant dans l'éducation plus que dans la révolution la clé du changement et analysant le caractère exceptionnel du capitalisme au regard des sociétés organisées selon d'autres principes.
Au-delà de cette partie biographique et ethnologique, on lira avec intérêt les interventions expliquant l'actualité de Karl Polanyi.
Mais c'est surtout la partie monétaire qui ouvre des horizons novateurs : Jean-Michel Servet nous explique comment Polanyi récuse la fable du troc comme début des échanges. Pour les économistes, l'échange est une fin en soi. Pour Polanyi, il n'est qu'un des moyens - et pas le plus important - pour cimenter une société. Décapant, mais pas toujours facile à lire.
Note de lecture réalisée par Denis Clerc pour la revue Alternatives Economiques
éd. L'Harmattan, 420 p., 210 F
L´Harmattan
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